La tradition orale parle de l’orpin rose depuis plusieurs milliers d’années. Déjà, en 77 apr. J.-C., le médecin botaniste grec Dioscoride évoque dans sa célèbre De Materia Medica l’usage de la plante qu’il nomme Rhodia riza, « racine de rose » ou « racine de l’île de Rhodes.
Depuis plus de 3000 ans, les Sibériens ont la conviction que l’absorption de tisane de Rhodiola rosea favorise la santé et la longévité. Cette plante fait partie de leur quotidien. La jolie coutume qui perdure de nos jours veut que l’on offre aux jeunes mariés un bouquet contenant des racines de Rhodiola rosea, afin de favoriser leur fertilité et assurer ainsi la naissance d’enfants sains.
Très souvent dans les familles sibériennes, il est offert à la grand-maman une belle boîte en fer aux dessins multicolores, afin qu’elle puisse y placer les rhizomes et racines de Rhodiola rosea récoltés durant l’automne.
Selon la tradition orale, on va d’abord repérer les plantes « prêtes », dont le rhizome, à fleur de terre, prouve la durée de sa gestation.
Les plantes sont récoltées à l’état sauvage. Toutefois, dans les campagnes, l’on trouve de plus en plus de petites cultures de Rhodiola rosea composées de quelques plants seulement, destinés uniquement à la consommation familiale.
Les rhizomes et racines sont déterrés, lavés soigneusement à l’eau claire, souvent brossés. On les coupe ensuite manuellement pour les disposer dans de grands paniers qui seront suspendus au-dessus de la cheminée afin de les faire sécher. Préalablement, les rhizomes et racines coupés auront été mis dans un sac prévu à cet effet afin de les protéger de la poussière. On prend donc grand soin de la récolte.
Chaque soir, la grand-maman prépare le breuvage que toute la famille boira dès le lendemain matin et jusqu’au repas de midi compris. Cette préparation est considérée comme une boisson de table.
La tisane de Sibérie se prépare ainsi : le soir, mettre un petit morceau de racine de Rhodiola rosea dans de l’eau froide, l’équivalent de la moitié d’une cuillère à café pour deux grands bols de tisane. Chauffer lentement jusqu’à ébullition, puis verser le tout dans un récipient isotherme.
L’extraction des principes actifs s’effectuera durant la nuit.
Boire la tisane dès le lendemain matin et jusqu’à la mi-journée. On peut la consommer quotidiennement sans risque. Les Russes l’utilisent comme boisson de table depuis fort longtemps.
De plus, en Russie, l’orpin rose est utilisé de différentes façons : en bonbons, en confiture, en sirop, en tisane, en élixir, en pâte de fruit. Rhodiola rosea est largement employée en gélules de poudre de racine et de rhizomes. En décoction, en macération, en extrait et en teinture mère ou teinture végétale. En Europe de l’est on peut trouver du sirop à base de Rhodiola rosea.
On attribue également à Rhodiola rosea le pouvoir d’accroître l’endurance physique, la longévité et la vigueur sexuelle, ainsi que la concentration, l’aptitude intellectuelle et la mémorisation.
On raconte qu’au VIIIe siècle, les Vikings, qui sillonnaient les mers et les océans, découvrirent l’Islande et l’orpin rose présent sur toute la surface de l’île. Ils concoctèrent un breuvage, lequel, tout en les désaltérant, leur permis d’augmenter leur force physique et leur endurance. Ils prétendirent que la rhodiole était une plante magique, d’où le dicton : « L’homme qui utilise la racine rose restera puissant pendant deux cents ans ! » .
En Asie centrale, les racines de Rhodiola rosea étaient largement employées contre les refroidissements et la grippe. Les médecins mongols prescrivaient la plante pour lutter contre la tuberculose et le cancer.
Les Inuits, tout comme les Lapons, connaissaient la plante. Ils conservaient ses racines et ses rhizomes et l’utilisaient dans de nombreuses préparations. Gastrites et maux d’estomac étaient soignés avec des infusions de Rhodiola rosea. De même brûlures et coupures se guérissaient grâce à des cataplasmes.
Ils consommaient les fleurs et les feuilles crues que la tradition orale donnait comme stimulants du système immunitaire. Les Tanaïna d’Alaska quant à eux utilisaient l’orpin rose contre les troubles ophtalmiques, en compresses et en lotion.
La mythologie parfois rejoint la réalité. Ainsi des aventures de Jason, héros de la conquête de la Toison d’or. S’il a aisément terrassé le légendaire dragon, ce serait avec la complicité d’une magicienne et de son breuvage miracle contenant de la Rhodiola. Déjà !
La découverte par les Grecs de la « racine d’or » coïncide étrangement avec leur quête de l’or en Colchide (actuelle République de Géorgie).
L’orpin rose est souvent mentionné dans le folklore en tant que philtre d’amour. En Ukraine, la légende raconte qu’au XIIIe siècle, le prince Danila Galintsky, dont les exploits amoureux embrasaient l’imagination populaire, devait sa puissance à la fameuse Rhodiola rosea.